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Entrée triomphale de E. Tshisekedi aux travaux du Comité National de l’UDPS, le 2/04/2005 à Kinshasa

Dans le microcosme politique congolais Etienne Tshisekedi apparaît depuis toujours comme un homme bien à part. Adulé par le peuple, il est combattu assidûment par une certaine élite congolaise corrompue -Médiocratie- qui  n’en finit pas de d’enfoncer d’avantage le pays le fossé du sous-développement. Cette certaine élite a excellée allègrement dans la culture de la jouissance tout en enfonçant la majorité de nos compatriotes dans la pauvreté et la misère la plus noire. Cette même élite combat avec acharnement la démarche politique de  E. Tshisekedi uniquement au motif qu’elle apparaît comme l’acte le plus majeur de ces trente dernières années au Congo. Dans un pays où le clientélisme est érigé en système de gestion depuis toujours et que la politique est perçue comme un business qui rapporte vite et très facilement. Etienne Tshisekedi est le contre exemple parfait de l’archétype du politicien zaïrois-congolais. Son combat politique a traversé tous les tumultes  et les époques post coloniales du Congo-Zaire en demeurant constant et cohérent par rapport à la manière de la conquête du pouvoir et de la seule thérapie dont notre a besoin pour se remettre définitivement sur la voie du développement : la démocratie, oui la vraie démocratie. Celle qui au travers du partage équitable du revenu national, éteindra définitivement ce grand fléau qu’est la pauvreté et emmènera notre pays à la dimension d’Etat-Nation. Qu’on l’aime ou pas, Etienne Tshisekedi est un homme qui ne laisse pas indifférent au point d’être devenu ces quinze dernières années la personnalité politique au Congo qui comprend le mieux et anticipe les aspirations du peuple congolais. La lecture qu’il a toujours fait des faits politiques et les prédictions qu’il en déduites se sont toujours réalisées. Aucun autre politicien congolais ne peut se prévaloir d’une telle clairvoyance. Pour comprendre cette maîtrise complète de la scène politique congolaise, il serait bon de remonter au début des années 80 pour bien scruter le cheminement de son long combat politique dans la constance et la cohérence.      

Etienne Tshisekedi : un homme de conviction.

Au début des années 80, à l’époque où Mobutu était le seul maître après Dieu du Zaïre, tout le monde chantait les louanges du guide de la révolution zaïroise. Il était apparu incongrue à une grande partie de nos compatriotes qu’une poignée des gens osa défier le guide  en contestant son autorité et en le traitant de dictateur. Notre population composée en majorité des jeunes nés sous l’ère Mobutu et qui n’avaient connus rien d’autre percevait le groupe de treize parlementaires comme des marginaux qui avaient perdus le bon sens. Personne n’oublie en effet que certains médecins zaïrois délivrèrent des attestations médicales de démences mentales à E. Tshisekedi et à ses compagnons de fortune. Le régime de Mobutu était tellement idéalisé aux yeux des zaïrois qu’il fallait être un initié de la politique pour en percevoir les dérives autoritaires. Dans un pays où les manuels d’histoire ne consacraient que 10 lignes à la période entre 1960 et 1965, il faut avouer qu’il était très difficile pour la jeunesse de d’appréhender les grands faits politiques de la période post indépendance. La machine de la propagande de la Forcad avait complètement lavé les cerveaux des gens  pour en faire des sujets et des valets du guide tout puissant de la révolution zaïroise. Les opposants politiques étaient tous contraints à l’exil et Mobutu  ne s’embarrassait pas de recommander aux jeunes d’user de la violence sur leurs épouses  qui avaient osé manifester sur la voie publique à Kinshasa. Le groupe de treize parlementaires a eu le mérite à l’époque de s’opposer de l’intérieur, ce qui était un grand acte de bravoure et de courage. Puis vint l’année 1987, pour la première fois un parti politique osait se réunir sur la voie publique au pont Cabu-Kasa-vubu. Pour l’adolescent que j’étais à l’époque, ces manifestants paraissaient comme des gens insensées qui s’attaquaient à la montagne Mobutu et leur combat paraissait perdu d’avance. Mais ils ne sont pas découragés et ils ont heureusement pour nous tous, persévéré malgré la forte répression de la dictature, car l’activisme dont ils faisaient preuve a petit à petit commencé à éveiller la conscience des gens sur la nécessité de l’exercice de leurs droits. Leur message sur les dérives du régime totalitaire de Mobutu commençait à trouver un écho favorable au sein de la population qui devenait de plus en plus lasse  des turpitudes d’un système à bout de souffle qui menait le pays tout droit dans le mur. Si le treize ont eu tous le mérite  de lancer leur action salvatrice pour le Congo, malheureusement dans la durée très peu ont su rester ferme dans leurs convictions pour mener le combat jusqu’au bout, car le chemin menant à la démocratie allait être très long et très peu aillaient émerger du lot. Très vite parmi eux, Etienne Tshisekedi allait se faire remarquer. En effet, au cours de la période qui va nous mener à la fin des années 80, il apparaîtra comme le seul à avoir la conviction la plus forte dans son combat politique pour le triomphe de la démocratie  au Congo-Zaïre. En effet, un nombre important des treize  parlementaires allait choisir de rentrer dans le rang en retournant au comité central du MPR Parti-Etat. Tout le monde a encore en mémoire, la pathétique cérémonie de prestation de serment devant le guide de la révolution des enfants prodigues qui retournaient au bercail. Les faits les plus marquants furent certainement la représentation de Joseph Ngalula Mpada Njila qui superposa ses lunettes  avec une autre monture  de verres avant de prêter serment et  Frédéric Kibassa s’exécuta  avec l’air de quelqu’un qui paraissait très pressé. Absent notable, Etienne Tshisekedi, dont le nom se mit à circuler sur les lèvres de tous mais dont le visage étaient complètement inconnu. La mort politique de Etienne Tshisekedi  fut prononcé ce jour par ces anciens compagnons de lutte qui réintégraient la grande famille du MPR Parti-Etat, ayant constaté l’échec de leur combat politique, ce groupe des parlementaires à l’instar de Nguz et tant d’autres avaient choisi saborder eux-même leur propre combat politique.  Etienne Tshisekedi se retrouvait donc seul, déclaré dément par les médecins du régime et personne à l’époque ne donnait cher de sa peau, plusieurs lui prédisait une marginalisation complète.   

Puis arrivent les consultations populaires et le 24/04/1990. En effet, en cette date et la surprise générale, le dictateur Mobutu lâche du lest et propose un multipartisme à trois. L’espace politique s’ouvre et offre  la possibilité à d’autres formations politiques d’exercer leurs activités librement. Etienne Tshisekedi                     acquiert à partir de ce moment une dimension supérieure par rapport à tous ses anciens  compagnons de lutte pour avoir lutté de l’intérieur jusqu’au bout  et d’avoir surtout défier la dictature en acceptant de perdre tout  au péril de sa propre vie. Dans un pays où Mobutu était perçu comme un homme parfait et invincible, Etienne Tshisekedi venait de renverser le mythe du grand léopard.

Et le prophète dit : Tshisekedi se retrouvera seul.

L’après 24/04/1990 fut une période très passionnante pour toute une génération de nos compatriotes qui a pu faire connaissance avec l’exercice de la liberté d’expression et la confrontation politique entre différentes formations politiques dans un environnement qui était devenu pluriel. Rien à avoir du tout avec le contexte monolithique du MPR Parti-Etat. Cette nouvelle effervescence politique culminera avec la tenue des travaux de la Conférence Nationale Souveraine au cours de laquelle  toute la nation s’appliquera une thérapie de choc pour exorciser tous les démons de la dictature. Cette période sera aussi un moment des grandes désillusions pour des nombreux militants politiques. En effet, l’opposition politique s’illustrera par des querelles de personnes et des trahisons qui lui feront perdre  plusieurs occasions de terrasser la dictature de Mobutu. Avec le temps le peuple a su reconnaître les vrais opposants qui demeuraient totalement en phase avec lui. L’expérience malheureuse de la défunte Union sacrée de l’Opposition Radicale a été un moment de tribulations pendant lequel l’UDPS a souffert de la félonie et du manque de fiabilité des partis alimentaires dont le seul objectif dans cette alliance fut de se faire un nom  sur la scène politique pour ensuite se repositionner face à la dictature et goûter à la soupe du pouvoir. Notre parti n’a pas été épargné par ces moments difficiles de déchirement. En effet,  si le parti avait au début une présidence collégiale, avec le temps seul Etienne Tshisekedi a su demeurer fidèle et constant à l’esprit qui constituait le fondement du parti dès le départ. Et sur ce point les combattants ne s’y sont  jamais trompés puisqu’ils ont toujours retrouvé en lui la personne qui comprenait le mieux leurs aspirations.       

Même après l’arrivée de l’AFDL et ses tentatives autocratiques de réduire au silence l’UDPS en favorisant les errements de Kibassa Maliba, le parti a su rebondir et conserver  sa place de référence au sein de l’opposition politique. Etienne Tshisekedi a su traverser toute cette période tumultueuse en demeurant constant et cohérent par rapport à lui-même. Tous les prophètes de malheur et autres pseudo-spécialistes du Congo qui lui prédisent sa mort politique prochaine depuis plus de 10 ans se voient toujours renvoyés à leurs leçons.   

Nécessité de nous forger nos propres points de références.

Depuis quelques temps est orchestrée une campagne au travers de plusieurs médias pour discréditer Etienne Tshisekedi en voulant lui faire porter la responsabilité de l’échec de l’actuelle transition congolaise. Aux cotés des médias proche du PPRD, on retrouve depuis un certain moment  un quotidien belge –le Soir- pour ne pas le citer. En effet, une pseudo-spécialiste du Congo qui travaille pour ce journal s’illustre depuis quelques temps par des publi-reportages qui vantent l’action de Hyppolite Kanambé et de son PPRD. Il n’est pas rare de retrouver chaque semaine dans ce quotidien un article  qui affabule complètement sur la situation au Congo. Nous ne prétendons pas du tout détenir le monopole de la vérité, mais de là à considérer les congolais comme des moutons de panurges  à qui on peut faire boire l’huile de foie de la morue comme de l’orangeade, cela nous paraît totalement intolérable et cynique. Je dois concéder comme  d’autres compatriotes avoir eu la faiblesse  et la naïveté de croire que les écrits d’un périodique publié à Paris ou Bruxelles  par des « professionnels rigoureux et scrupuleux » faisaient autorités. Mais avec le temps j’ai appris à situer où se trouvaient les vrais enjeux. Les médias occidentaux ne traitent l’information qui concerne l’Afrique que dans un prisme du sensationnel et du misérabilisme, et selon toutes les études les plus sérieuses, la part réservée à l’Afrique dans le traitement de l’information par les médias occidentaux ne représente pas plus de 2 %. Alors sommes-nous obligés de rechercher absolument la reconaissance en occident pour paraître crédible face à nos compatriotes ? Voilà une tare qui nous poursuit encore après plus de 45 ans d’indépendance. Léopold Senghor  pouvait bien parler de peau noire-masque blanc, cela ne l’a pas empêché à intégrer l’Académie française pour assouvir un besoin d’accomplissement, la reconnaissance de la France lui a paru plus importante  que celle de ses propres compatriotes. La pseudo-spécialiste peut continuer à affabuler, c’est son droit le plus élémentaire mais ce qui plus grave c’est de voir un soi-disant professionnel des médias au Congo en la personne de Modeste Mutinga infligé à ses lecteurs le supplice de se faire expliquer la tragédie congolaise par CB. J’attends impatiemment de lire  dans le Soir le point de vue d’un chroniqueur congolais sur le serpent de mer BHV, comprenne qui pourra. Loin de nous l’idée de vouloir idéaliser Etienne Tshisekedi,  seule l’honnêteté intellectuelle motive notre démarche à reconnaître la valeur de son combat politique. Si tout le monde regardait CNN et écoutait Rfi, que resterait-il de vrai dans la réalité africaine. Nous avons encore en mémoire le grand mensonge  sur les armes de destruction massive orchestré par la coalition qui voulait écarter Saddam Hussein du pouvoir en complicité avec les soi-disant médias de références occidentaux. Apprenons-donc à relativiser. Ces publi-reportages du quotidien le Soir qui n’ont rien à envier au périodique Jeune Afrique économique de Blaise pascal Talla-le grand ami de tous les dictateurs africains-confirment bien que le journalisme des griots n’est pas l’apanage des africains. Je puis affirmer avoir eu le privilège de bien suivre l’ensemble des travaux de la CNS et de suivre également de près toutes les péripéties de la vie  politique congolaise  pour ne pas me laisser     abuser par les affabulateurs du genre Ludo Martens et consort. Si Mme CB se présente à souhait comme   une éminente spécialiste du Congo, libre à elle de le faire croire  aux faibles d’esprits. A l’UDPS, après plus de 25 ans d’opposition nous pouvons affirmer sans nous tromper disposer de la meilleure expertise  pour décrire la tragédie congolaise,  nous sommes plus préoccupés du point de vue de nos compatriotes et de leurs nombreuses attentes vis-à-vis du parti que des raisonnements simplistes qui présentent toujours l ‘Afrique de manière réductrice avec des à priori. Je n’oserai pas appeler Le Soir un torchon mais lorsqu’on prédit à Etienne Tshisekedi la lapidation à Kisangani au plus fort de la guerre civile et qu’il reçoit un accueil chaleureux de toute la population de Kisangani et les images sont pour le prouver, il serait temps d’apprendre un peu à être modeste et cesser  de voir les gens d’en haut avec mépris. Le temps du paternalisme est définitivement révolu au Congo. A bon entendeur, salut !!